Les Bongo sur la sellette au Gabon et… à Nice: on fait l’inventaire d’un luxueux patrimoine immobilier bien mal acquis

Les Bongo, père puis fils, auront régné sur le Gabon durant plus d’un demi-siècle. Au dernier jour d’août, Ali, l’héritier du « doyen » de Libreville, a perdu son trône au terme d’une révolution de palais.

Le président de ce pays de centre Afrique a été renversé sans un coup de feu par le chef de sa propre garde prétorienne. Le voici « mis à la retraite » d’office.

Une retraite qui aurait bien pu s’avérer dorée, tant la fortune amassée au fil des décennies par le clan Bongo est colossale. Son patrimoine immobilier en France a été estimé à au moins 85 millions d’euros par la justice.

Car, au terme d’une longue procédure, la famille du président déchu pourrait bien perdre également ses luxueux pieds à terre dans les quartiers chics de la capitale et sur la Côte d’Azur.

Vers un procès en 2024

Sur le boulevard Frédéric Sperling, à Nice, est domiciliée la société au nom évocateur « Indivision Bongo ». C’est aussi là que se trouve la propriété du « Val d’Or » ayant appartenue à l’ancien président gabonais Omar Bongo. Photo Cyril Dodergny.

Ironie du sort, l’instruction sur les biens mal acquis de la famille régnante du Gabon arrive à son terme au moment même où elle se voit évincée du pouvoir.

« Nous sommes tout près de la clôture », confirme Me William Bourdon, l’avocat de Transparency International qui espère que l’affaire pourra être audiencée « dès le premier trimestre 2024 ».

C’est cette ONG qui, non sans mal, a levé le voile sur les présumés détournements de fonds publics de l’ancien président africain Omar Bongo et de sa famille.

Une première plainte en 2007 avait rapidement été classée sans suite. Une seconde l’année suivante a mis quinze ans à prospérer. Il faut dire qu’enquêter sur l’enrichissement des Bongo, c’est prendre le risque de mettre au jour bien des secrets inavouables de la Françafrique. « Cette affaire est aussi une affaire française », souligne M° Bourdon.

Parmi la trentaine de biens saisis à ce jour se trouve notamment l’hôtel particulier de la rue Dosne, où Omar Bongo – le père – avait l’habitude de recevoir toute la classe politique française.

Quelques mois à peine à près son décès en 2009 et l’accession au pouvoir de son fils Ali, ce dernier s’est offert les 4.674m2 de l’hôtel Pozzo di Borgo, dans le VIe arrondissement de Paris, où vécut notamment le couturier Karl Lagerfeld.

Une acquisition à 100 millions d’euros… parmi tant d’autres. L’association Transparency international a recensé pas moins de 33 biens immobiliers dans la capitale appartenant à la famille Bongo… Et onze de plus sur la Côte!

Une étrange société à Villeneuve-Loubet

La famille Bongo possède également des villas au Mont Boron. Photo Cyril Dodergny.

Dès 2013, les limiers de l’office central de lutte contre la grande délinquance financière étaient venus tout spécialement à Nice pour faire l’inventaire immobilier des Bongo.

C’est en effet dans la capitale azuréenne que se trouve l’essentiel de leurs nombreux appartements et villas. Même si c’est en réalité à Villeneuve-Loubet que se trouve domiciliée l’une des SCI (société civile immobilière) servant d’abri juridique à ce patrimoine.

Une villa de la résidence sécurisée des Terrasses de Vaugrenier sert ainsi de boîte aux lettres à la société « Les Nuages d’Azur ». Son principal actionnaire est Jeff Bongo Ondimba, l’un des enfants de l’ancien doyen de Libreville, qui en a plus de cinquante!

Des villas à Cimiez et au Mont Boron

Deus appartements dans cette résidence de l’avenue Scuderi, à Cimiez, figurent également à l’inventaire des biens immobiliers de la famille Bongo. Photo Cyril Dodergny.

Dans les statuts de cette SCI, on découvre que « Les Nuages d’Azur » sont en béton: un quatre-pièces avenue Poincaré à Paris, un ensemble immobilier à Aix… et deux appartements de l’avenue Scudéri à Nice font partie de ses apports.

La famille Bongo semble tout particulièrement apprécier la colline de Cimiez. À deux pas de là, sur le boulevard Frédéric Sperling, se trouve domiciliée une autre société au nom évocateur: « Indivision Bongo ».

C’est en effet là que se trouvait l’une des pièces maîtresses du patrimoine azuréen de la famille gabonaise, une vaste propriété avec piscine et parc arboré composée de deux villas et de deux appartements distincts.

L’autre bien d’exception niçois acquis cette fois par feu Édith Bongo, épouse d’Omar Bongo, est au Mont Boron. Il s’agit de deux villas, « Les Caroubiers » et « Les Glycines », évaluées en 2013 à 9.800.000 euros.

Il semble que ce soit Omar Denis Junior, un autre enfant du doyen de Libreville, qui a hérité de cette dernière propriété surplombant le cap de Nice.

Il fait partie des neuf membres de la fratrie Bongo mis en examen l’an passé dans le cadre de cette tentaculaire affaire de biens mal acquis. Reste à savoir si Ali Bongo, le président désormais déchu du Gabon, sera le dixième.

Une affaire emblématique de la Françafrique

L’association Transparency International a déjà accroché à son tableau de chasse le fils du président de Guinée équatoriale, Téodorin Obiang, lui-même vice-président de son pays.

Il fut le premier chef d’État condamné en France dans une affaire de biens mal acquis. Un jugement définitif depuis 2021 qui a privé ce dernier de quelques-uns de ses plus beaux attributs: un hôtel particulier de 3.000m2 avenue Foch à Paris, avec robinetterie en or, et 25 véhicules de luxe dont sept Ferrari, trois Lamborghini, cinq Bentley, une Maserati et une McLaren.

La famille Bongo pourrait être la suivante. Bien que similaire sur le fond, cette autre affaire de biens mal acquis est toutefois « sans commune mesure », souligne un proche du dossier: « Contrairement à Obiang, cette fois, on ne touche pas seulement à la fortune d’un chef d’État africain. C’est aussi aux intérêts de la France que l’on touche ».

Des sociétés françaises

L’affaire Bongo est en réalité symptomatique de ce que fut la Françafrique. Car le canal d’enrichissement du doyen de Libreville a sans doute été, durant des décennies, les sociétés françaises d’exploitation des ressources minières et pétrolières au Gabon. Le rôle d’Elf Aquitaine ou encore de la BNP serait ainsi « prépondérant ». Cette banque a d’ailleurs été elle-même mise en examen.

Tout comme un certain nombre de « facilitateurs », comme les appelle Me William Bourdon: des banquiers, des agents immobiliers, mais aussi des avocats et même un notaire.

« Sans ces ingénieurs du chiffre et du droit, les opérations de blanchiment ne seraient tout simplement pas possibles », souligne l’avocat de Transparency International, qui voit d’un bon œil que ces professions réglementées, mais parfois peu regardantes, aient elles aussi à « rendre des comptes ».

Ali Bongo, le président destitué fin août. Photo d’archives AFP.

Le sort d’Ali Bongo suspendu entre justice et diplomatie

Neuf de ses demi-frères et demi-sœurs ont déjà été mis en examen par la justice niçoise dans une affaire de biens mal acquis, où le rôle d’Ali Bongo lui-même serait suffisamment « caractérisé », selon des proches du dossier, pour que le président déchu du Gabon subisse le même sort.

Une mise en accusation à laquelle il a pour l’instant échappé eu égard à son rang de chef d’État. Mais le coup d’État dont il a été victime pourrait bien le priver du même coup de son immunité présidentielle…

« C’est une question qui va faire débat dans les prochains jours », assure un initié. « Car mettre en examen Ali Bongo, au-delà des questions de droit sur le fondement d’une telle mesure judiciaire, aurait aussi des conséquences diplomatiques: cela équivaudrait à acter le fait qu’il n’est plus président et donc à reconnaître officiellement la légitimité des putschistes. » Ce qu’a pour l’heure refusé de faire la France. Une nouvelle fois, la justice pourrait buter sur la raison d’État.

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