À l’été 2023, Versity comptait signer un partenariat avec ineuf (marque de NV Consulting, 7 salariés), autre acteur niçois de l’immobilier. Finalement, c’est son acquisition, à 100 %, qu’annonce aujourd’hui l’entreprise niçoise. « Nous y travaillons depuis plus d’un an, explique Frédéric Ibanez, cofondateur en 2019 avec Nicolas Fratini de Versity, qui s’appelait encore Les Agences de Papa. « Ineuf est la plateforme numéro un de commercialisation dans le neuf en France, avec plus de 120 000 lots immobiliers, 4 000 programmes neufs, 250 promoteurs, des plus gros (Vinci, Bouygues, Icade, Nexity, NDLR) aux plus petits en région, 320 conseillers-vendeurs. Cela représente plus de 85 % du marché français. Personne n’a réussi à fédérer autant de mandats. Nous ne pouvions pas finalement nous limiter à être partenaires. »

Un appartement en 3D, comme dans un jeu vidéo

Une plateforme à laquelle il manquait toutefois une brique technologique qu’apporte justement Versity : la 3D pour reproduire à l’identique l’appartement et son environnement, « comme dans un jeu vidéo ». « Quand l’immeuble n’est pas construit et que de surcroît, nous sommes en période de crise, c’est plus dur de vendre. Avec la 3D, on offre une solution complète », reprend Frédéric Ibanez. Nicolas Viale, fondateur d’ineuf, qui reste dans la société, parle d’une « évidence » entre les deux parties : « C’est l’association de vraies compétences métiers complémentaires. Et c’est vraiment le bon moment. »

Une technologie développée en interne

À leur création, les Agences de Papa promettait de révolutionner l’immobilier avec des offres 100 % en ligne et des frais d’agence fixes à 2 000 euros, quel que soit le bien concerné. Mais ce concept fondateur a dû être peu à peu abandonné.

« On avait un blocage sur les visites. On s’est rendu compte qu’il nous fallait ce service 3D. C’est donc là que nous avons développé Versity et avons investi énormément pour cela. Presque 10 millions d’euros, à titre personnel, pour Nicolas (Fratini, NDLR) et moi. Nous n’avons jamais eu un centime public, je le souligne. Nous n’avons investi avec des partenaires privés, qui prennent leurs responsabilités à la même hauteur que nous. La technologie génère des pertes bien sûr mais c’est normal, c’est de l’investissement. »

Versity est passé de 120 à 7 salariés

Ce changement de cap a amené une profonde restructuration de l’entreprise. Aujourd’hui, Versity ne compte plus que 7 collaborateurs, faisant appel à des prestataires pour répondre à ses besoins, optimisant ainsi les coûts au maximum. « Nous avons vécu une année de restructuration, reprend le dirigeant. Et c’est dur de passer de 120 salariés à 7. »

Une évolution qui a fait l’objet de vifs commentaires et critiques sur les réseaux sociaux et certains médias en ligne, pointant du doigt les finances de l’entreprise. Les résultats de Versity pour l’année 2022 font état de près 10 millions d’euros de pertes pour 625 000 euros de chiffre d’affaires. « Les comptes 2023 montreront certes des pertes mais moins que cela, et de toute façon, c’est de l’investissement, assure le dirigeant. Toutes nos dépenses depuis deux ans, sont liées à de l’investissement dans la société et dans notre tech. Aux États-Unis, ce sont des centaines de millions de dollars qui sont investis dans la tech, là on parle de quelques millions, cela paraît beaucoup en France et beaucoup pour l’immobilier, mais nous avons choisi de miser sur une société qui peut avoir un jour une dimension internationale. »

Teddy Riner toujours actionnaire

L’opération de rachat d’ineuf, d’un montant confidentiel, s’élève à « quelques millions d’euros. » Les deux cofondateurs ont remis au pot, de leurs fonds propres et à majorité, soutenus par des actionnaires koweïtiens et par une société monégasque.

Quant aux actionnaires historiques de l’entreprise, ils sont toujours présents, appuie Frédéric Ibanez. Y compris le champion de judo, Teddy Riner, entré au capital en 2021. « Il est toujours actionnaire, fidèle et loyal. Il est dans la vie et dans les affaires, comme il est sur les tatamis. Il n’y a aucun problème malgré tout ce qui a pu être écrit. Philippe Journo, Anny Courtade et Pierre Ippolito aussi sont toujours au capital. »

Rentabilité attendue en 2025

Les résultats 2023 de Versity, entreprise cotée sur Euronext Access +, seront publiés fin octobre. « Jusqu’à présent, c’était de l’investissement, mais maintenant, place au business, conclut Frédéric Ibanez. Notre objectif est d’être rentables dès 2025. Les investissements, conséquents, sont faits. Et avec ineuf, on a une visibilité, puisque la société a déjà de l’historique. »

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