Des promesses en l’air ? La semaine dernière, actu Nice présentait l’énorme complexe immobilier qui est sorti de terre (19 000m²) entre le chemin des Paluds et la route du Bord du Mer, à St-Laurent-du-Var, près de Nice, dans les Alpes-Maritimes. Au cœur du projet, une résidence intergénérationnelle, nommée « Les Voiles Laurentines » a été construite. Elle accueille des dizaines de locataires depuis le début du mois d’octobre. Mais quelques dysfonctionnements viennent, pour le moment, gâcher la vie de certains résidents séniors et en situation de handicap. Une locataire de cette résidence flambant neuve alerte.

Une résidence toute neuve

À Saint-Laurent-du-Var, cette résidence intergénérationnelle est composée de 76 logements fraîchement construits :

• 54 logements T2 et T3 pour les seniors
• 11 logements T1 pour les jeunes actifs ou personnes en formation (moins de 30 ans)
• 2 logements aménagés pour des personnes en situation de handicap
• 9 logements « tandems »

Plusieurs logements sont déjà occupés depuis le début du mois d’octobre. Essentiellement par des personnes âgées qui attendaient avec impatience ce logement social pratique et fonctionnel. Mais leurs premiers pas dans la résidence sont loin d’être idéaux.

« Certaines personnes âgées sont bloquées chez elles »

« Depuis notre installation, c’est un véritable cauchemar », plante à actu Nice une locataire (qui souhaite garder son anonymat) de la résidence « Les Voiles Laurentines ». Elle expose plusieurs problèmes. Le principal : un ascenseur non fonctionnel, qui empêche les résidents âgés de sortir de chez eux depuis plusieurs jours. Un seul ascenseur a été mis en place pour la totalité de cette grande résidence.

Nous avons eu des pannes d’ascenseurs les premiers jours. Mais depuis une dizaine de jours, l’ascenseur ne fonctionne carrément plus. Dans un immeuble de sept étages, avec 76 logements dont la majorité est occupée par des personnes âgées ou en situation de handicap… je vous laisse imaginer. Des personnes sont aujourd’hui bloquées chez elles, incapables de monter ou descendre.

Cette pure laurentine, qui a emménagé le 11 octobre dernier, a envoyé un courriel au fabricant et gérant d’ascenseurs Otis le 21 octobre dernier mais n’a pas reçu de réponse. Elle s’impatiente donc car la situation perdure.

Un accès PMR de fortune mais pas d’ascenseur fonctionnel

Selon elle, les malfaçons s’accumulent depuis la livraison des logements. Aucun accès PMR n’était prévu au départ. « Ils en ont fait un de fortune et en catastrophe à l’entrée car une dame est en chaise roulante. Moi, je m’en suis rendu compte lorsque ma nièce, qui est également en fauteuil à cause d’une blessure, est venue me rendre visite. Comment font ces personnes-là, sans ascenseur fonctionnel ? », s’indigne cette même locataire.

Contacté, ICF Habitat Méditerranée Sud-Est réagit enfin. « La réparation de l’ascenseur est toujours en cours. Dans l’attente du rétablissement du service, une solution de portage sera mise en place à compter du 31 octobre, du lundi au samedi de 9h à 12h, afin d’accompagner les résidents qui en ont besoin », annonce le bailleur, ce vendredi 30 octobre. Ce dernier, qui s’excuse « pour la gêne occasionnée » a la responsabilité opérationnelle de la résidence.

Les boîtes aux lettres étaient non conformes au départ

Autre souci remonté par cette locataire laurentine, les boîtes aux lettres. « Celles installées par le promoteur ne sont pas conformes aux normes postales, ce qui nous oblige à aller chercher notre courrier directement à la Poste. Il est d’ailleurs resté là-bas. Comment un promoteur peut-il construire des boites qui ne sont pas aux normes ? », questionne énervée cette sexagénaire.

 Le problème de conformité des boîtes aux lettres a été résolu et les résidents n’ont désormais plus besoin de se déplacer jusqu’à la Poste pour récupérer leur courrier.

Un manque de places de stationnements

De plus, pour les résidents des Voiles Laurentines qui conduisent toujours, il n’est pas aisé de se garer pour rentrer chez soi. Sauf pour ceux qui peuvent accéder au parking souterrain. « Il n’y a pas de box pour tous les appartements. Il semble que le promoteur et la mairie aient estimé que les locataires sociaux n’avaient pas de voiture. Résultat : les rares stationnements disponibles autour sont payants. La seule possibilité de se garer sur le trottoir de la RN7 mais c’est dangereux, j’ai même failli me faire écraser », soupire une locataire de 62 ans, qui a échangé avec plusieurs de ses voisins.

« Comme dans la plupart des programmes sociaux, la résidence dispose d’une place de stationnement par logement. À ce jour, selon les éléments transmis par le bailleur, 27 des 38 places sont attribuées aux locataires déjà installés, tandis que 11 places sont réservées aux futurs arrivants. Une liste d’attente de 6 personnes est par ailleurs tenue à jour par ICF », explique la mairie de Saint-Laurent-du-Var. Cette dernière rappelle que « toutes les places situées à l’ouest du quartier Mistral, notamment sur l’avenue Cyrnos et la RM 6007, sont gratuites. Le parking relais de 90 places récemment livré vient également renforcer l’offre dans le secteur. »

Certains locataires de la résidence se demandent notamment pourquoi le terrain vague chemin des Paluds juste à côté, prévu pour le futur tramway, ne pourrait pas être utilisé comme espace de stationnement. Comme solution provisoire. Réponse de la mairie : le chemin des Paluds étant une zone de chantier, aucun véhicule ne peut y accéder.

« On nous a vendu du rêve »

Si de tels dysfonctionnements peuvent évidemment arriver, le timing interpelle puisqu’il s’agit d’une résidence flambant neuve. La Ville rappelle qu’elle n’a pas la responsabilité opérationnelle sur la résidence mais affirme rester « vigilante et attentive au bon déroulement de la mise en service du site, en lien avec le bailleur et la Métropole Nice Côte d’Azur. »

Selon la commune de Saint-Laurent-du-Var et le promoteur, « cet habitat intergénérationnel a été créé pour s’adapter au vieillissement de la population. Il doit permettre de développer des valeurs de solidarité entre voisins, mais aussi entre générations, et de lutter contre l’isolement à la fois des personnes âgées et des étudiants. »

Mais le moment, la colère l’emporte sur le partage. « On nous a vendu du rêve avec ce projet intergénérationnel, mais la réalité est bien différente. L’aspect humain a totalement disparu au profit du seul résultat financier », conclut cette locataire sexagénaire.

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