Le Figaro Nice

Jeudi 19 septembre, un peu avant 19h, une trentaine de sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes ont été mobilisés pour un incendie dans un local poubelle, au sous-sol d’un immeuble, avenue Joseph Giordan, à Nice. Bilan du sinistre : 30 personnes évacuées dont dix examinées par les secours après avoir inhalé les fumées toxiques qui ont parcouru les étages. Par chance, aucun blessé grave n’est à déplorer. Le local, lui, a été ravagé par les flammes. Une canalisation d’eau a aussi été gravement endommagée, tout comme le système d’arrivée du gaz ainsi qu’une partie du système électrique des parties communes. L’histoire aurait pu s’arrêter là s’il ne s’agissait pas du cinquième départ de feu en quelques semaines. 

Le 23 août d’abord, vers 13h30, dans le local poubelle de l’entrée numéro 9. Le sinistre a alors endommagé les parties communes jusqu’au 8^e (et dernier) étage, la fumée s’étant propagée dans le conduit du vide-ordures. Rapidement dépêchés sur place, les soldats du feu n’ont eu aucun mal à circonscrire l’incendie. Le lendemain, vers 15h, c’est cette fois du côté de l’entrée numéro 3 que le feu est parti, toujours depuis le local poubelle. Deux jours plus tard, le 26 août, sur le coup de 11h du matin, rebelote. S’agissant de ces deux derniers cas, l’intervention des copropriétaires a suffi à mettre fin au sinistre, sans faire le moindre dommage. Début septembre, un papier enflammé est carrément tombé sous les yeux d’experts venus faire des relevés dans le sous-sol de l’entrée numéro 3. Le feu a été éteint aussitôt avec un extincteur. 

L’ombre d’un pyromane

Pour les habitants, aucun doute : un pyromane rôde dans la résidence. «C’est forcément quelqu’un d’ici. Quelqu’un qui puisse avoir accès facilement aux caves et qui puisse disparaître sans se faire remarquer. On est un peu plus d’une centaine dans tout l’immeuble, soit autant de suspects !», commente une habitante au fort accent italien. Cette dernière évoque «une» possible suspecte mais se refuse à en dire plus. «J’ai ma petite idée et je crois que l’on est plusieurs à penser la même chose mais je préfère laisser les enquêteurs faire leur travail», explique-t-elle. Une enquête a bien été ouverte par le parquet de Nice et confiée au Service local de la police judiciaire (SLPJ 06). «Tous les prélèvements et les vérifications d’usage ont été faits sur place, les témoins entendus en bonne et due forme», poursuit une source policière. 

Reste qu’à ce jour aucune interpellation n’a encore eu lieu. Une situation en suspens qui n’est pas du genre à rassurer les habitants. «On a passé un sale moment ces dernières semaines. On est inquiet, surtout si ça vient à se répéter en pleine nuit», abonde Dominique*, un retraité. Lors du dernier incendie, les fumées sont propagées à une telle vitesse que les pompiers ont dû venir la chercher chez lui. «Je ne pouvais pas sortir de chez moi, il y a fallu qu’ils me descendent», rembobine-t-il. Ce dernier aussi dit avoir entendu parler de la mystérieuse suspecte : «Les gens en parlent, mais je ne suis pas sûr que quiconque puisse mettre un nom dessus. C’est plus une rumeur qu’autre chose», remarque-t-il. Ce que Dominique* sait en revanche, c’est que jamais une pareille situation n’était arrivée par le passé. «Je vis ici depuis très longtemps, c’est une résidence tranquille, sans histoire. Il n’y a personne de bizarre, pas de marginaux ou d’hurluberlus», ajoute-t-il. 

Appel à la vigilance

«La seule chose, c’est que nous n’avons plus de gardien. Pour des raisons économiques, il a été voté lors de la dernière assemblée générale, en mai dernier, qu’il fallait s’en séparer», rapporte une autre voisine de l’entrée numéro trois, encore tachée de suie. «Tant que la police n’aura pas trouvé ce pyromane, on ne dormira pas sur nos deux oreilles ! Et il y a urgence», angoisse-t-elle. Dans le hall du rez-de-chaussée de chaque entrée, un appel à la vigilance a été placardé par le syndic. «Dans ce contexte, il est crucial que chacun d’entre vous reste vigilant. Je vous invite à surveiller attentivement tout comportement suspect dans les parties communes ou aux abords de l’immeuble. […] La sécurité de votre copropriété dépend de votre vigilance collective», est-il écrit.